Finalement, tu ne me manques pas

J’ai compris avec surprise que je m’étais séparé de toi depuis quelques semaines déjà. J’avais déjà vécu la rupture, la mort de cette relation et j’avais fait son deuil tout seul, inconsciemment. J’ai pleuré dans ma tête et j’ai crié dans mon esprit et personne autour de moi ne l’a su. C’est vrai qu’Il suffit souvent de sourire pour que le monde autour de soi pense que tout va pour le mieux.

On arrive a tromper l’œil de ceux qui ne nous regardent pas vraiment. Si l’un d’entre eux avait observé les sourires plus longtemps qu’une seconde, il aurait compris que mon âme pleurait la perte d’un être cher. Il aurait certainement posé plus de questions pour comprendre pourquoi je pleurais en riant, pourquoi je criais en chuchotant que tout va bien. Il aurait pris le temps de me laisser verser toute ma peine sur son épaule. Mais voila, j’ai bien joué le jeu et je m’en sors avec une rupture et peut être plus de force en moi que je ne le pensais. Je devrais en être fier, mais je crois que je n’ai pas le temps d’être fier de moi en ce moment. On jubilera quand j’aurais gagné la guerre, pas simplement la bataille contre mes sentiments.

Comme je disais, ça fait un moment que je t’ai quitté. Autrement, depuis quelques semaines, je t’ai laissé me perdre. Chaque jour, j’observais avec tristesse comment tu prenais le chemin inverse à mes sentiments, comment tu choisissais l’option A, quand j’attendais de toi que tu choisisses enfin l’option B ou même C. Je voulais tellement t’aider à m’aimer mieux, mais aussi, je n’en pouvais plus de ne jamais me sentir aimé, compris, de ne plus ressentir ce que tu me faisais vivre durant les premières années de notre relation.

Pendant des années, j’étais heureux de vivre avec toi et nos projets communs étaient la cerise sur un gâteau déjà bien délicieux. Je pensais avoir enfin prouvé au monde qu’il suffisait d’aimer de toutes ses forces et que le reste coulerait de source. Je me disais être enfin arrivé à faire quelque chose de sensé dans cette vie qui me donne chaque jour l’impression que je ne suis pas à ma place.

Tu m’avais donné une place et j’étais heureux de t’avoir dans mes bras tous les soirs. Malgré nos disputes, je savais au moins que je pouvais compter sur toi pour me réchauffer le soir venu. Je savais pouvoir être moi même et totalement vulnérable avec toi. J’en ris tellement maintenant. J’étais stupide de me dire qu’il suffisait d’un lit chaud pour être heureux pour le reste de sa vie. Je m’accrochais à ce petit peu, à ce presque rien pour me convaincre que j’avais raison. Je me couvrais les pieds en me disant que ce n’est pas grave si j’ai froid partout ailleurs. Le carré de couverture que ton amour représente ne me satisfaisait pas, mais nos grand mères disent souvent qu’une fois que tu t’es couvert les pieds ou peut être juste la tête, tu n’as plus froid. Je m’égare, c’est certainement que le froid de cet hiver me rappelle à quel point j’étais mal en point.

Pour dire vrai, je ne sais pas comment c’est arrivé, mais le verre qu’on avait rempli d’espoir s’est renversé et de l’air a rempli ce verre. Du vide! Du jour au lendemain, je ne voyais plus que tes défauts. Les mêmes qui te donnaient un “je ne sais quoi” sont devenus des “je n’en veux pas” et les disputes ont continué de se multiplier au point où toi et moi avons décidé de rompre parce que c’était la meilleure chose à faire.

C’est tellement plus facile à dire qu’à faire. On a jamais réussi à se séparer. Il paraît que « Mieux vaut un demon qu’on connaît qu’un ange qu’on connaît pas! ». On a passé tellement de temps à apprendre à s’aimer, à se comprendre, à se disputer et à se réconcilier que, finalement, personne n’a jamais trouvé assez d’énergie pour apprendre à oublier et à tourner la page.

Le plus dur ne sera pas de te quitter, je pense l’avoir déjà fait dans mon esprit. Le plus difficile sera de quitter notre maison, nos affaires, nos assiettes, nos rideaux, toutes ces choses qu’on a pris le soin de choisir tous les deux et en paire à chaque fois pour bien nous rappeler que nous avions chacun une moitié de cette relation. On construisait un avenir tous les deux, on se promettait l’éternité en sélectionnant toutes les plantes du salon, les draps de notre lit. Ce n’était pas des paroles, mais des actes concrets d’amour. C’était tellement intentionnel que ça n’avait pas besoin de mots. Tout comme toi, j’étais heureux de rentrer à la maison tous les soirs en sachant que tu serais là. L’excitation que je ressentais d’être responsable de toi me donnait des ailes. J’aimais prendre soin de toi, j’aimais sentir que tu avais besoin de moi. Ça donnait un sens à ma triste vie.

C’était clair que je prenais plaisir à t’aimer. On créait nos habitudes de couple et c’était là que se trouvait notre refuge quand parfois nous avions des doutes. Notre routine nous reconnectait. L’heure du coucher, l’heure du dîner, le film du dimanche, la sortie du vendredi soir, les commentaires après nos soirées entre amis. Nous ne formions finalement plus qu’une seule personne. La routine étant l’ennemi du changement, nous avons commencé à sombrer quand tout ceci a changé.

Si on avait compris ce que le changement représentait, on aurait peut-être fait l’effort de ne pas se reposer uniquement sur notre routine. On ne le dit pas assez, mais une relation amoureuse c’est un travail constant d’adaptation qui demande d’avoir certainement de l’amour, mais aussi de développer des compétences de communication, de résilience, et de negotiation. Il faut rester vigilant et anticiper les changements. J’imagine que c’est aussi la raison pour laquelle le choix du partenaire doit être fait avec beaucoup de minutie. Ce serait dommage de découvrir qu’on a des valeurs divergentes dans les moments les plus critiques de notre relation.

Enfin, voilà, j’ai fait de mon possible avec toutes les informations que j’avais. Je n’ai pas réussi à t’aimer plus que mes valeurs, plus que moi même, plus que nos divergences. Pourtant je t’ai aimé, mais il faut croire que l’amour aveugle ne fait pas tout. On vit et on apprend! Adieu

3 commentaires sur “Finalement, tu ne me manques pas

  1. Ceci décrit tellement bien la réalité de la vie en couple. Il arrive que l’amour s’effiloche malgré toute la bonne volonté.

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  2. L’amour ne suffit pas. les mots sont si justes et ils le sont d’autant plus lorsqu’on sait ce qu’on ressent lorsqu’on doit se résoudre à se séparer de quelqu’un qu’on aime malgré tout.

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